Cathédrale Notre-Dame de Rouen, Normandie, France


 


Notes:
La cathédrale Notre-Dame, officiellement cathédrale primatiale Notre-Dame-de-l'Assomption de Rouen, est le monument le plus prestigieux de la ville de Rouen. Elle est le siège de l'archidiocèse de Rouen, chef-lieu de la province ecclésiastique de Normandie. L'archevêque de Rouen portant le titre de primat de Normandie, sa cathédrale a ainsi le rang de primatiale.



C'est une construction d'architecture gothique dont les premières pierres remontent au haut Moyen Âge. Elle a la particularité, rare en France, de conserver son palais archiépiscopal et les constructions annexes environnantes datant de la même époque.



Comme la plupart des grands édifices religieux du gothique normand, la cathédrale est dotée d'une « tour-lanterne » sur la croisée du transept. La flèche en bois couverte en plomb de style Renaissance qui la couronnait fut détruite par un incendie allumé par la foudre en 1822. Elle est à présent surmontée d'une flèche en fonte, construite de 1825 à 1876 qui culmine à 151 mètres de hauteur. La cathédrale Notre-Dame de Rouen est la plus haute de France et était le plus haut bâtiment du monde au moment de son achèvement en 1876, et le restera jusqu'en 1880, détrônée par la cathédrale de Cologne (157 mètres). Elle reste néanmoins la troisième plus haute église du monde, dépassée seulement par celles d'Ulm1 et Cologne. Elle est également la cathédrale qui, par la largeur de sa façade occidentale de 61,60 mètres, détient le record de France.



Considérée comme « la plus humaine des cathédrales » par le manque de symétrie de sa façade occidentale, elle est mondialement connue, notamment à travers les 30 tableaux de la série des Cathédrales de Rouen, peints par Claude Monet.



Histoire

La légende de la cathédrale de Rouen



D'après la légende, dans la deuxième moitié du IIIe siècle, saint Mellon aurait implanté un lieu de culte dans une maison particulière, cédée par Præcordius2. Il est reconnu qu'à cette époque existait un quartier d’habitation en ce lieu2. Aux alentours de 260-280, un incendie détruit le quartier, au moment des premières incursions franques3. Les logements détruits sont remplacés, peut-être par des entrepôts publics, compris entre la rue Saint-Romain, la rue du Change et la rue des Carmes3.

Le groupe cathédral paléochrétien



La première mention d’un évêque à Rouen remonte à l'an 314. Mais cette date, un an après l'autorisation du culte chrétien dans l'Empire romain, semble trop précoce pour imaginer l'existence d'un édifice religieux3. Par contre, quelques dizaines d'années plus tard, un sermon de l’évêque Victrice daté d’environ 395-396 sous-entend la présence d'une cathédrale dans la cité et évoque la construction d'une basilique à proximité. Saint Victrice participa au chantier4. En 1986, les fouilles menées dans le périmètre de la cour d'Albane par l’archéologue Jacques Le Maho permettent de confirmer l’existence de cette basilique. Par ailleurs, en 1954, l'archéologue Georges Lanfry effectue des fouilles au niveau de la dernière travée de la nef et découvre les bases d'une crypte construites par l'archevêque Maurille de Rouen en 1063. Sous la tombe du prélat, sont également découverts des vestiges plus anciens constitués de quatre colonnettes qui sont peut-être les bases d'un ciborium préroman. Ce qui confirme l'existence d'une ancienne église bien plus petite que la cathédrale actuelle (peut-être 30 m de long et 15 m de large). Cette dernière est située à quelques mètres au nord de celle de la cour d'Albane. Ainsi, comme dans beaucoup d'autres villes métropolitaines paléochrétiennes comme Genève ou celles de l'Italie du Nord, le groupe épiscopal de Rouen se composait donc d'au moins deux basiliques5,6.



Au Ve siècle, ces deux basiliques sont réunies par des galeries. L’introduction de la réforme de saint Chrodegang au milieu du VIIIe siècle affecte la basilique nord au chapitre canonial. C’est à cette époque que la basilique du sud se trouve dédiée à Notre-Dame3



Vers 841, les destructions occasionnées par les raids vikings et l'incendie de Rouen provoquent des dommages importants qui seront réparés par la suite3. Au IXe siècle, on procéda à plusieurs réaménagements (palais épiscopal, logement canonial, ajout d’un massif occidental ou Westwerk à l'église martyriale), mais en 841, le feu allumé par les hommes du Nord détruisit le groupe cathédral. L’ensemble paraît remis en état d’une façon provisoire en attendant le retour de la paix dans la région. Au Xe siècle, après le traité de Saint-Clair-sur-Epte (en 911), Rouen devint la capitale du jeune duché de Normandie, le chef viking Rollon aurait reçu le baptême en 912 (sous le prénom Robert) dans la basilique primitive. Nécropole de la première dynastie des ducs de Normandie, la cathédrale (le premier édifice carolingien) ne fut agrandie que sous le règne de Richard Ier, ce dernier mourant en 9967.

La cathédrale romane

Construction

Vers 1030, l’archevêque Robert le Danois reconstruisit le chœur dans un style roman et inséra une crypte en dessous afin d’agrandir la basilique Notre-Dame existante8. La construction de la cathédrale de Rouen menée par l’archevêque Robert, tout comme celle de l’abbatiale de Bernay, jette les fondements de l’école romane normande, prototypes de l’architecture religieuse en Normandie, puis en Angleterre9. Les travaux s'interrompent à la mort de l’archevêque Robert en 103710,9. Un autre archevêque, Maurille (1055-1067), achève le chantier ainsi que la reconstruction de la nef10 en 10639. Il est dit que Maurille aurait fait ériger une tour-lanterne en pierre en forme de pyramide qui aurait porté son nom11,Note 1. Il procède à sa dédicace le 1er octobre 106312,10,Note 2, en présence du duc Guillaume8,10 et des évêques suffragants Odon de Bayeux, Jean d'Ivry, Hugues d'Eu, Guillaume Flaitel, Yves de Bellême et Geoffroy de Montbray13. C'est à cette époque que sont transférés dans la cathédrale les corps de Rollon et de Guillaume Longue-Épée12,10.

Découverte archéologique de la crypte



La cathédrale romane, de plan cruciforme, présente une nef et des collatéraux « de même longueur et de même largeur que la nef actuelle »12,14. Son élévation semble se rapprocher de celle de l’abbatiale Notre-Dame de Jumièges dont la consécration (1067) est proche12. L'entreprise d'Armand Requier réalise des fouilles en 1887 pour l’installation d’un calorifère15. Elles permettent de retrouver sous le dallage du croisillon nord les vestiges d'un édifice antérieur, identifié en 1896 comme appartenant à la cathédrale de Maurille par le docteur Coutan, archéologue normand, hypothèse reprise par John Bilson, archéologue anglais en 192616. Bilson souhaite compléter les relevés. Des recherches sont faites à sa demande par Georges Lanfry en septembre 1931 dans le croisillon sud, qui mettent au jour la travée occidentale du bas-côté sud de la crypte17. En 1935, Georges Lanfry poursuit les fouilles de Bilson et peut dégager le plan oriental de l’église : le chœur était composé de deux travées droites et d’un hémicycle18,14. Un déambulatoire de cinq travées faisait le tour du chœur et ouvrait sur trois chapelles absidiales19, formant chacune une travée droite et un hémicycle18. Il se trouvait surélevé de deux mètres au-dessus du sol du transept, sur une crypte qui suivait la même disposition18,14. Les trois chapelles de la crypte possèdent des baies fortement ébrasées qui leur permettaient de prendre le jour extérieur20. La crypte annulaire est semblable à celle de la cathédrale de Chartres19. D’après les diverses fouilles, le transept était composé de la croisée, probablement surmontée d’une tour-lanterne, et de deux croisillons, comportant chacun trois travées inégales : une travée dans le prolongement du bas-côté du chœur, une travée centrale plus étroite et une travée de fond plus profonde qui ouvrait sur une absidiole à l'est21. Ce plan est jugé par Bilson comme particulier à la cathédrale21. Les vastes dimensions du transept semblent annoncer pour Bilson les églises anglo-normandes commencées à la fin du XIe siècle22,Note 3. Contrairement à l'édifice actuel, le transept de l'édifice roman ne possède pas de bas-côtés14.



Georges Lanfry fournit les dimensions de cet édifice22 :



longueur du transept en œuvre : 46,50 m ;

largeur de la crypte avec bas-côtés en œuvre : 21,90 m ;

largeur de la crypte avec bas-côtés hors œuvre : 24,75 m ;

distance du centre de la croisée du transept au fond de l’hémicycle en œuvre : 26,20 m ;

distance du centre de la croisée de transept à l’extérieur de la chapelle rayonnante du grand axe : 32,90 m ;

longueur totale probable de l’édifice en œuvre : 98 m.



Malgré la construction de la cathédrale gothique subséquemment, la crypte qui abritait possiblement les reliques de la Vierge subsiste et peut être visitée. Le culte de Saint-Étienne est transféré dans le croisillon sud de la cathédrale avec l’introduction de la réforme grégorienne par Jean d'Ivry, qui sépare les chanoines des paroissiens8. Son successeur, Guillaume Bonne-Âme, démolit le reste de la collégiale Saint-Étienne8. Des fouilles réalisées en 1954 ont permis de retrouver la tombe de Maurille, qui est dite située à l’emplacement du « grand autel de l’église précédente aurait été à cet endroit » (Pommeraye), à la dernière travée de la nef, près de la croisée de transept12. À la suite des résultats des différentes fouilles, une maquette de la crypte sera réalisée15.

Restitution de la façade



Le sculpteur Jean-Baptiste Foucher a tenté en 1906 de restituer la façade occidentale de la cathédrale au milieu du XIIe siècle. Pour G. Lanfry, elle correspondrait davantage à la fin du siècle. Il présente trois portails romans séparés par deux contreforts plats, surmontés sur la longueur de la façade d'une frise d'arcatures aveugles en arcs brisés. Deux baies aveugles se trouvent au-dessus des portails latéraux, tandis qu'une large baie en tiers point encadrée de deux baies aveugles surmontent le portail central. L'étage est couronné de quatre clochetons. Un pignon triangulaire inscrit entre deux des clochetons termine la façade23.

La cathédrale gothique

En 1144, Hugues III d'Amiens assiste à la dédicace de l'abbatiale de Saint-Denis24 sur l'invitation de son ami Suger25. L'année suivante, il met en chantier la « Tour neuve »24, un beffroi à six mètres au nord de l’ancien massif de la façade romane12. D'autres travaux sont authentifiés dans la cathédrale même, mais dans une lettre de 1145 dans laquelle il fait part de travaux à l'intérieur, mais sans en préciser la localisation ; néanmoins des fouilles de la crypte laissent à penser qu'il s'agissait de la décoration du chœur25. Mais il aurait pu aussi s'agir de travaux concernant la chapelle nord du déambulatoire, celle-ci devenant lieu où repose la dépouille d'Hugues d'Amiens25. Achevée en 1164, la tour Saint-Romain introduit l’art gothique pour la cathédrale de Rouen. Vers 1170, la façade principale est refaite, percée de trois portails : un central dédié à saint Romain (aujourd'hui disparu) et deux latéraux dédiés à saint Jean et saint Étienne12. Les travaux continuent avec la démolition de la nef romane et l’élévation des premières travées de la nef, commencée vers 1185 par l’archevêque Gautier de Coutances24. Le transept et le chœur encore debout restent ouverts au culte12. La nuit de Pâques 1200, un incendie détruit le quartier de la cathédrale26, mais épargne la tour nouvellement construite, la façade et les nouvelles travées de la nef8.



L’archevêque Gautier lance les travaux pour relever la cathédrale, notamment grâce aux dons de Jean sans Terre. L’allongement du chœur est envisagé, la crypte est arasée et comblée. En 1204, Philippe II Auguste assiste à la célébration dans la nef reconstruite24. Le chœur de la cathédrale devait être utilisable en 1206 car c’était l’année de la consécration de l’évêque de Bayeux Robert des Ablèges26. Dès 1214, Enguerran, qui a succédé à Jean d’Andely, travaille sur la chapelle axiale27. La construction du chœur est en cours en 1220. La nef est achevée entre 1234 et 1237 avec la dernière clef de voûte signée du maçon Durand27. Vers 1237, la cathédrale semble être achevée lors de la consécration de l’archevêque Pierre de Colmieu et la vente de la maison qui abritait Jean d'Andely et Durand26.



Vers 1265/1275, des chapelles sont ajoutées aux bas-côtés de la nef12 sous la pression des confréries et corporations28. Le mur gouttereau est détruit et reconstruit quatre mètres plus loin, entre les culées des arcs-boutants27. En 1280, Guillaume de Flavacourt concède l’espace entre le transept nord et la rue Saint-Romain. Cette cession a permis la réalisation du portail des Boursiers (actuel portail des Libraires), précédé d'une avant-cour. Un portail est réalisé au sud du transept : le portail de la Calende. Ses deux réalisations sont l’œuvre de Jean Davy29. Les deux tours qui encadrent les portails, lesquels à l'origine devaient être coiffés de flèches, ne seront jamais réalisés8. C’est à cette période qu’est construit un cloître dans la cour d’AlbaneNote 4, dont seule la galerie orientale surmontée de vastes salles et l'amorce de la galerie méridionale sont réalisés28. La cour d’Albane vient d’un collège fondé au XIIIe siècle par l’archevêque Pierre de Colmieu, nommé par la suite cardinal-évêque d’Albano. En 1302, Guillaume de Flavacourt décide la réalisation sur un plan plus vaste d’une nouvelle chapelle axiale dédiée à la Vierge29.



Les travaux sur la façade occidentale reprennent à partir de 1370, pour se terminer vers 1450. C’est alors qu’une série d’arcatures sont construites et remplies de plus de 60 statues. Ce parti de remplir la façade de statues semble être une inspiration anglaise, comme il peut être vu à Wells, Lichfield ou Salisbury8, œuvres de Jean Périer, poursuivie par Jean de Bayeux et Jenson Salvart. Jenson Salvart remplace les fenêtres hautes de la cathédrale afin d’y apporter davantage de lumière. Les nouveaux vitraux sont l’œuvre de Jehan de Senlis30.



Guillaume Pontifs, qui devient maître-d'œuvre de la cathédrale en 1462, poursuit le travail de Jenson Salvart et Geoffroi Richier dans le réaménagement du fenestrage du croisillon nord du transept30. Il achève également la tour Saint-Romain par la réalisation d’un étage haut, couvert d’un toit en hache aux pans d'ardoise incurvés28, de 1468 à 147829. Elle abritait neuf cloches, auxquelles se sont ajoutés en 1467 la Marie d’Estouteville et en 1470, la Guillaume. La présence de ces nombreuses cloches y a donné le surnom de la « tour aux onze cloches »30. De 1477 à 1479, il reprend complètement la librairie des chanoines (bibliothèque du chapitre) réalisée par Jenson Salvart, et construit l’« escalier des Libraires » qui permet son accès depuis le transept de la cathédrale, en 1479. L’avant-portail de la cour des Libraires est achevé en 148430.



La façade occidentale, visuellement déséquilibrée par la présence unique de la tour Saint-Romain, Guillaume Pontifs commence fin 1485 une tour au sud de la façade, la tour de Beurre, sous l'archiépiscopat de Robert de Croismare30. Elle est financée par les aumônes versées pour compenser le droit d’user de laitages lors du Carême12,31.

De la Renaissance à la Révolution

acques Le RouxNote 5 achève la tour de Beurre en 1506. Seul le couronnement de la tour reste inachevé27. À sa base vient s’établir la paroisse Saint-Étienne en février 1497. La réalisation de la tour désordonne beaucoup la façade. Des fissures apparaissent et la rose de Jean Périer réalisée vers 1370 menace de se ruiner30. Elle cause la reconstruction du portail central entre 1508 et 1511 par Roulland Le RouxNote 6,32. Le décor du portail et de son tympan est confié à Pierre des Aubeaux30.



La flèche gothique d’origine, dite « l’aiguille » ou « tour grêle » du XIIIe siècle, subit un incendie le 5 octobre 1514. L’année suivante, Roulland Le Roux consolide la tour-lanterne, et y rajoute un étage en prévision d'une nouvelle flèche30. Son projet d'une flèche en pierre est refusé. Le charpentier darnétalais Robert Becquet réalise une flèche en bois en forme de pyramide, recouverte de plomb doré, du style Renaissance27. Commencée en 1538, achevée en 155727, elle culmine à 135 mètres de haut33.



La cathédrale est saccagée par les huguenots en 1562. Les statues manquantes sont un témoignage de cette période troublée32. Les tombeaux du duc de Bedford et du cardinal d'Estouteville sont détruits, les statues de saints et d’archevêques sur la façade sont décapitées12.



En 1683, un ouragan dévaste la façade occidentale, détruit la rosace et renverse trois des quatre tourelles du couronnement qui crèvent les voûtes et ruinent l’orgue12. Un don de Louis XIV permet de restaurer ce qui a été détruit34.



En 1736, le chapitre de la cathédrale entreprend de surélever le chœur et dégager les tombeaux qui l’encombrentNote 7, comme pour la chapelle de la ViergeNote 8,12. Le chœur est doté d’un nouveau maître-autel, œuvre de Cartault livrée le 14 décembre 173427. Le trumeau du portail central est détruit pour laisser un passage au dais processionnel27. La clôture de cuivre jaune qui entourait le chœur depuis 1526 est remplacée par des grilles de cuivre doré12. Le jubé du XIIIe siècle disparaît en 177227 ; il est remplacé en 1775 par un jubé classique en marbre, œuvre de l’architecte Guillaume-Martin Couture12.

Après 1789

Lors de la Révolution française, la cathédrale devient le temple de la Raison. Les cloches sont brisées et la Georges d’Amboise fondueNote 9. La Révolution conserve convenablement la cathédrale par l’utilisation de la chapelle de la Vierge comme grenier à foin, tandis que le reste de l’édifice a servi de salle de concert27. Elle retrouve son statut de cathédrale en 179635,36.



La foudre frappe le 15 septembre 1822, brûlant la flèche de style RenaissanceNote 10. L’architecte Alavoine propose la construction d’une flèche en fonte dans le style gothique. Commencée en 1825, elle est achevée en 1884 avec la pose de quatre clochetons en cuivre, œuvres de Ferdinand Marrou36, en suivant des dessins de Barthélémy12. Diverses campagnes de restaurations sont entreprises au cours du XIXe siècle, menées par Alavoine, Barthélémy, Desmarest et Sauvageot. Elles se poursuivent au XXe siècle avec Chaîne, Colin et Auvray12.



Au cours du XIXe siècle, différents travaux ont été réalisés pour valoriser la cathédrale. Le 26 novembre 1792, le mur d’enceinte qui clôt le parvis est démoli37. Au fur et à mesure, les travaux sont interdits sur les maisons qui jouxtent la cathédrale. Deux maisons en 1822 sont détruites à la suite de l’incendie et de la chute de la flèche, leur reconstruction est refusée37. En 1851, le préfet signale au ministre « les inconvénients qui résultaient pour cet édifice du voisinage des maisons et échoppes qui y sont adossées »37. Le ministre lui répond qu’il « paraît convenable et même nécessaire de dégager un édifice, tel que la cathédrale de Rouen, des constructions parasites qui l’obstruent » ; réponse complétée, après un incendie en 1855 au pied de la tour Saint-Romain, par son désir de « dégager un monument aussi précieux »37. Un décret d’utilité publique est signé le 30 juillet 1861 en vue de l’expropriation des immeubles attenants à la cathédrale37. Ainsi, sont démolies toutes les constructions touchant la cathédrale, que ce soit la rue du Change et rue des Bonnetiers au sud, ou la rue des Quatre-Vents et rue Saint-Romain pour la cour d’Albane au nord. Seule, la maison de l’Œuvre attenante au cloître des chanoines est rescapée de cette opération38.

De la Seconde Guerre mondiale à nos jours



Un incendie touche la charpente du bas-côté sud le 9 juin 1940 après l’incendie du quartier compris entre la cathédrale et la Seine. Dans la nuit du 18 au 19 avril 1944, la cathédrale est éventrée par sept torpilles dont une, tombée dans le chœur, n’explosera pas. Les bas-côtés de la nef et les chapelles du collatéral sud, sauf une, sont détruites39. De plus, un des quatre piliers soutenant la flèche est gravement endommagé36. Le pilier sera rapidement renforcé et étayé par l’entreprise Lanfry, pour empêcher la flèche de s’abattre sur l’ensemble de la structure. La nef restera debout grâce aux arcs-boutants de la chapelle Sainte-Catherine qui l’ont soutenue à eux seuls. Le souffle des explosions éventre les grandes roses du transept et de la façade occidentale39. Lors de la semaine rouge, le 1er juin, la tour Saint-Romain s'enflamme36, causant la chute des cloches39. L’incendie se propage aux bas-côtés, à la nef, jusqu'à la cour des Libraires39.



Les travaux de restauration sont menés par Albert Chauvel, architecte en chef des monuments historiques40, des architectes Franchette et Grégoires et de l'entreprise de Georges Lanfry. Après déblaiements et consolidations, la restauration se met en place. La cathédrale est finalement rouverte, ainsi que le nouveau maître-autel consacré par l'archevêque Martin le 17 juin 195612 en présence de René Coty40.



Des travaux de restauration permettent à la tour Saint-Romain de retrouver sa toiture en hache couverte d'ardoises en 198741.



Le 26 décembre 1999, la tempête fait chuter le clocheton nord-est qui perce les voûtes du chœur42. L'écrasement au sol des voûtes du chœur et de la pointe du clocheton détruit une partie des stalles du XVe siècle42,43. Une première phase de travaux d'urgence, lancée par la Conservation régionale des Monuments historiques et l'architecte des Bâtiments de France, a permis d'étayer les voûtes percées et déstabilisées, reconstruire l'arc-doubleau et des voûtains, ainsi que raccommoder les fissures. Cette étape s'est achevée au début de l'été 200044.



Une deuxième phase, commencée en 2010, doit permettre la reconstruction du clocheton détruit et la remise en état des charpentes, couvertures et arcs-boutants. Pierre-André Lablaude, architecte en chef des Monuments historiques, prévoit la restauration des trois clochetons encore en place et la reconstruction du clocheton disparu45. Le coût de cette opération, entièrement financée par l'État, est estimé à 7 600 000 euros45.



Déposés après les bombardements de 1944, les tableaux (propriétés de l'État) qui ornaient l'ensemble de la cathédrale retrouvent leur place depuis les années 1970 après un programme de conservation-restauration. Neuf tableaux, restaurés pour un coût de 96 073 euros, ont ainsi été reposés dans la cathédrale, parmi lesquels se trouvent les toiles de Saint Jean-Baptiste au désert et la Mort de saint Joseph, rapportés d'Avignon par Frédéric Fuzet. Il reste aujourd'hui encore quelques tableaux toujours en réserve qui attendent d'être remis en place46.



Depuis le 30 mai 2015, les travaux de restauration de la façade occidentale sont achevés et les échafaudages retirés, permettant d'apprécier pour la première fois depuis de nombreuses années la façade nettoyée et libérée de tous échafaudages47.



De nouveaux échafaudages sont élevés à la fin 2015 au-dessus du chevet. Les travaux concernent la restauration des charpentes et couvertures du chœur (hors décors), des élévations des parties hautes nord, sud, est et du chevet, des décors de la couverture du chœur ainsi que des voûtes du chœur. Les travaux, financés par le ministère de la Culture et de la Communication pour un montant total de 4 725 000 €, sont prévus en six tranches sur 74 mois. Les travaux sont sous la direction de l'architecte en chef des Monuments historiques Richard Duplat. La première tranche de 12 mois, d'un montant de 1 150 000 €, concernera « la révision et la réparation de la charpente actuelle conservée du haut comble du chœur selon ses dispositions établies en 1823, puis son rehaussement pour rétablir son volume antérieur de 1539 », « la réfection en plomb de la couverture du chœur, à l'identique de celle du vaisseau principal de la nef, dans ses dispositions des XVe et XVIe siècles, avec rétablissement des trois lucarnes de versants et de croupe » et « la réparation des arases en pierres endommagées par la chute d'un clocheton de la flèche en 1999 »48.



La Direction régionale des Affaires culturelles poursuit les travaux de restauration de la cathédrale. En 1974, des travaux de consolidation de la flèche sont entrepris par Eiffel par la mise en place d'un tabouret et le renforcement par doublement interne de la flèche en fonte par une structure de 300 T en acier Corten.

Mais le programme n'est pas conduit à son terme. En 2009, des études sont réalisées pour la restauration définitive de la flèche. Le projet, qui commence en 2016 et doit s'achever en 2022, est divisé en 7 tranches. Il est financé par le ministère de la Culture et de la Communication pour un montant total de 14 500 000 €. Cette opération comprend la restauration des éléments de structure et de décor en fonte, la restauration de la structure en acier Corten,

la réfection des liaisons d'assemblage entre les deux structures, la protection de la flèche par peinture de la structure en Corten en gris ou vert clair et des éléments en fonte en vert-de-gris selon la teinte d'origine, la couverture en cuivre de la dalle du tabouret au pied de la flèche et une mise en valeur par l'éclairage de l'ensemble49.



Au cours de l'année 2015, des travaux de mise en accessibilité de la cathédrale ont été réalisés. Il a ainsi été réalisé des rampes pour l'accès au baptistère et au portail des Maçons50.

Les maîtres-d'œuvre et architectes

Les différents maîtres d'œuvre connus à partir de la reconstruction de la cathédrale après son incendie en 1200 Maîtres-d'œuvre et architectes Période Réalisations

Jean d'Andely

EnguerranNote 11 ... - 1214

Durand Il pose la dernière clef de voûte de la nef

Gauthier de Saint-Hilaire 1251

Jean Davy 1278 Il réalise les portails sud et nord du transept51 et peut-être la chapelle de la Vierge

Guillaume de Bayeux et Jean Vassal 1359

Jean Périer 1362 - 1388 Il travaille au tombeau du cœur de Charles V et réalise en 1370 le grand portail occidental avec sa rose

Jean de BayeuxNote 12 1388 - 1398

Jenson SalvartNote 13 1398 - 1447 Il refait en 1407 la décoration du grand portail et agrandit les fenêtres hautes du chœur en 1430.

Jean Roussel 1448 -

Geoffroi Richier 1451 - 1462 Il réalise la fontaine de l’aître de la cathédrale

Guillaume Pontifs 1462 - 1496 Il décore le portail de la Calende, réalise les fondements de la tour Saint-Romain en 1463, la bibliothèque en 1477, la clôture du chœur et de la sacristie en 1480 et la tour de Beurre à partir de 1487.

Jacques Le Roux 1496 - 1508 Il achève la tour de Beurre.

Roulland Le RouxNote 14 1508 - 1526 Architecte du grand portail, il participe également à la réalisation du tombeau d'Amboise.

Simon Vitecoq 1526 - 1548 Il décore l'extérieur de la chapelle de la Vierge

Pierre Vitecoq 1548 -

Guillaume Tourmente 1595 - 1611

Noël Dyvetot 1624 - 1653

Guillaume Gravois 1654

Jacques Pochon 1684

Jacques Gravois 1702

de La Motte 1734

Jacques Cécile 1734

Guillaume-Martin Couture 1775 Il réalise le jubé.

Cartaud Il réalise le maître-autel.

Jean-Antoine Alavoine 1822 - 1834 Il réalise la flèche de la tour-lanterne.

Edmond Dubois et Nicolas François Pinchon 1834 - 1848

Jacques-Eugène Barthélémy et Louis-François Desmarest 1850 - 1868 Ils restaurent le portail des Libraires (1850-1857), la chapelle de la Vierge (1857-1860), l'avant-portail des Libraires (1858-1862), le portail de la Calende et réalisent d'autres travaux (1861-1868).

Louis Sauvageot 1894 - 1904 Il restaure le grand portail occidental.

Henri Chaine 1904 Il restaure le grand portail et la tour Saint-Romain.

Albert Chauvel Reprise des piles fragilisées, reconstruction du bas-côté sud.

Yves-Marie Froidevaux Il restaure la flèche de la tour-lanterne.

Pierre-André Lablaude ... - 2012 Il restaure la façade occidentale et les clochetons de la tour-lanterne.

Richard Duplat 2012 - Il restitue la charpente et la couverture du chœur et restaure la flèche de la tour-lanterne.

Protections au titre des monuments historiques

Située dans le secteur sauvegardé de la ville, la cathédrale, qui comprend également le cloître et les bâtiments du chapitre, fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques par la liste de 1862MH 2. L'archevêché, plus précisément l'ancien hôtel d'Estouteville et la cour de la maîtrise Saint-Évode, fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le 6 février 1909MH 2. La Maison de l'Œuvre fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le 17 novembre 1927MH 2. Les vestiges archéologiques de l'ensemble archiépiscopal et des édifices qui l'ont précédé, y compris ceux de l'ancienne église de la Madeleine, et les sols de la cour des Maçons et ceux de la cour d'Albane, jusqu'à l'alignement repris sur le cadastre napoléonien le long de la rue Saint-Romain, font l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le 10 mai 1995

Matériaux de construction



L'essentiel de la construction est en pierre de taille, principalement de la craie du Crétacé. C'est une roche typique de cette partie de la région. La craie est une pierre calcaire bien blanche, tendre, au grain très fin et homogène, facile à travailler et à sculpter. Elle explique bien le déploiement de fantaisie décorative de cette cathédrale. Mais c'est aussi une pierre gélive qui résiste assez mal au temps. La craie contient des silex très durs qui dépassent parfois des pierres taillées et des sculptures. Cette craie est issue de deux provenances distinctes dans le val de Seine : la pierre de Caumont, assez proche de Rouen en aval, datant du Coniacien (- 88 millions d'années), puis la pierre de Vernon, plus éloignée en amont, datant également du Coniacien. La pierre de Vernon était très réputée à la fin du Moyen Âge et exportée loin, elle se démarque par une meilleure solidité et résistance face à l'érosion, tout en restant aussi remarquable que les autres craies par sa finesse et sa blancheur53,54.



Quelques parties tardives de la cathédrale, et notamment la tour de Beurre, sont construites en calcaire lutétien (Tertiaire, - 45 millions d'années). On le distingue facilement de loin à sa couleur plus jaune qui le différencie de la craie. Ce calcaire lutétien a été importé des carrières de Saint-Leu-d'Esserent (la pierre de Saint-Leu) dans l'Oise. Cette pierre assez tendre et relativement fine (comparée à d'autres calcaires lutétiens), mais assez résistante au temps, permet aussi la sculpture et les décors flamboyants. On la retrouve également pour un certain nombre de statues qui ornent la cathédrale53.



Les restaurations du XIXe siècle ont également employé des calcaires lutétiens de l'Oise, comme la pierre de Saint-Maximin (semblable à la pierre de Saint-Leu) et le vergelé. Les réfections, ainsi que la reconstruction après la Seconde Guerre mondiale, ont nécessité de rouvrir une carrière de craie blanche à Vernon, mais celle-ci étant en galerie souterraine, l'exploitation épisodique est aujourd'hui difficile. L'ensemble de l'édifice est pavé en calcaire jurassique blanc et dur de Tonnerre et les restaurations ont été faites également avec cette pierre de Tonnerre ou de la pierre de Vaurion55,53.

Extérieur

Le parvis

La place de la Cathédrale est située au centre du castrum gallo-romain du IVe siècle, au croisement du cardo (actuelle rue des Carmes) et du decumanus (axe de la rue du Gros-Horloge)2. Le Livre des Fontaines de Jacques Le Lieur permet d'imaginer cette place vers 1525. En 1641, des croix de pierre sont installées aux deux extrémités du parvis. Elles seront abattues à la Révolution en même temps que les murs qui fermaient la place56, qui avaient été élevés en 1537, sur délibération du conseil du 23 novembre 179257. Le parvis est clos avec en son centre une fontaine. Cette fontaine, construite en 1450 est supprimée en 185656. À la fin du XVIIIe siècle, le cimetière paroissial est supprimé57. En 1793, la place prend le nom de place de la Raison et en 1795 place de la République avant de reprendre son ancien nom57. Les bornes en fonte qui entourent le portail sont installées en 182358.



Alentour, les maisons avec des avant-soliers coexistent avec de nouvelles constructions comme le bureau des Finances. Les anciennes maisons au nord de la place sont détruites et sont remplacées par l'immeuble de la Mutuelle-Vie en 1899. Subissant des dommages pendant la Seconde Guerre mondiale, l'immeuble est finalement détruit en 1972. Le 30 mai 1976, le palais des Congrès, réalisation de l'architecte rouennais Jean-Pierre Dussaux, est inauguré par le maire de Rouen Jean Lecanuet. Fermé pour des raisons de sécurité en 1996, il est détruit en 201059.



Cette place fait face à l'ancien Bureau des Finances, remarquable pour ses façades sur rue et sur cour et ses toitures, qui fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le 20 août 1928MH 3. Construit de 1509 à 1540 à la demande du cardinal Georges d'Amboise, il s'agit du plus ancien monument Renaissance subsistant à RouenMH 4, occupé depuis 1959 par l’office de tourisme de la ville. À côté, se trouve la Grande pharmacie du Centre, dans un immeuble style Art déco et ses ferronneries d’art de Raymond Subes60.



Au nord de la place se trouve l'ancien Palais des Congrès qui laisse place à l'Espace Monet-Cathédrale, projet de l'architecte Jean-Paul Viguier61 et à la valorisation de l'hôtel Romé59. Au sud se trouve la sortie du tunnel Saint-Herbland62 et du parking souterrain de l'Espace du Palais57.

La tour Saint-Romain



La tour nord (tour Saint-Romain), qui est la partie la plus ancienne de la façade (XIIe siècle, premier gothique), était, à l'origine, couronnée d'une flèche en pierre. Après la démolition de celle-ci, un autre niveau en style gothique flamboyant fut ajouté et doté d'un toit en charpente dit « en hache ». Très vraisemblablement, cette tour fut isolée de la cathédrale et servit de tour défensive avant d'être intégrée à la façade de la cathédrale63.



Son édification débute vers 114526, lorsque l'archevêque Hugues d'Amiens décide de remplacer la cathédrale romane. Son soubassement est totalement aveugle sur le parvis64. Au-dessus se développent quatre niveaux de baies qui s'agrandissent progressivement jusqu'aux baies géminées des abat-son64. Son dernier étage, construit après le départ des Anglais entre 1468 et 147865, se démarque par l'utilisation d'un style gothique flamboyant sur l'ensemble plus rude du premier gothique. La partie est de la tour accueille une tourelle carrée qui renferme l'escalier à vis qui donne accès aux étages66.



La maison du carillonneur, qui était accolée à la tour Saint-Romain, est détruite le 19 avril 194467. La tour Saint-Romain brûle le 1er juin 1944, à la suite du bombardement allié du 31 mai. La fumée commence à s'élever vers 19 h66. À 19 h 25, les deux croix du sommet s'écroulent en même temps que la charpente du toit66. Les cloches ont fondu sur le sol du premier étage qui n'a pas cédé. Seuls les murs sont restés debout. Le fameux toit en « hache » recouvert d'ardoises et décoré de quatre soleils d'or n'a été restitué qu'à Pâques de l'année 198727,28. Au pied de la façade nord de la tour se trouve une porte romane à colonnes prismatiques en pierre noire. Dans son embrasure est logée la statue d'un prophète, issue de la façade occidentale

La tour de Beurre



La tour sud est beaucoup plus récente puisqu'elle date du début du XVIe siècle ; la première pierre est posée en 148569, le 10 novembre70, par Mgr Robert de CroismareNote 15, les travaux étant commencés par Guillaume Pontif, maître d’œuvre71. En 1496, Guillaume Pontif est remplacé par Jacques le Roux qui achève la tour en 150669. Elle est « couronnée », ce qui est caractéristique du style flamboyant, dite « de beurre », parce qu'elle a été financée avec les indulgences de carême, c'est-à-dire que des fidèles riches s'achetaient le droit de consommer du beurre et autres laitages pendant le carême69 tout comme à la cathédrale de Bourges où existe également une tour de beurre71. Une autre explication à cette dénomination est que cette tour est d'une teinte plus jaune (calcaire lutétien de Saint-Leu53, dont la couleur pourrait faire penser que la tour a été sculptée dans une motte de beurre) que le reste de la maçonnerie en pierre blanche de Caumont et de Vernon72,54. Elle n'est construite qu'à partir de 1485 et le chapitre de la cathédrale connut de houleux débats entre les « anciens » et les « modernes » pour décider qui des partisans d'une flèche ou d'une couronne l'emporterait. Finalement les seconds l'emportèrent71. Sa construction qui coûta 24 750 livres tournois73 était destinée à équilibrer au sud le volume de la tour Saint-Romain69. Elle se compose de quatre niveaux qui suivent un plan carré et d'un couronnement octogonal ponctué de pinacles74.



L'immense cloche de la tour est fondue en 1501, elle prend le nom de son mécène, Georges d'Amboise75.



La tour de Beurre a inspiré la construction d'un célèbre building de Chicago, la Tribune Tower, en 1923-1925

La façade occidentale

Le rythme de la façade est donné par les quatre tourelles et leurs flèches ajourées, centrées sur l'axe du portail Notre-Dame77. Les deux portails des bas-côtés, d'un style gothique primitif (se rapprochant encore du style roman) datent approximativement entre 1170 et 118078. Cependant leurs tympans n'ont été ajoutés qu'à la première moitié XIIIe siècle79. Les tympans des portails sont historiés. Le porche principal est le dernier élément gothique adjoint à la cathédrale pour renforcer la façade qui avait été mise à mal par la construction de la tour de Beurre ; l'ancien portail principal (XIIIe siècle) était dédié à saint Romain80. La rosace au-dessus est la quatrième à cet endroit, la présente date de l'après-guerre. Des deux côtés, des niches accueillent des statues, alignées dans une galerie répartie dans trois fenestrages au sud et dans une autre galerie avec quatre fenestrages au nord81,Note 16. Ces galeries sont uniques en France, mais communes en Angleterre, ce qui suggère une influence d'Outre-Manche. La partie supérieure de la façade est décorée de gables gothiques de style rayonnant alternativement pleins et ajourés77(les quatre gables entourant la rose de la façade, œuvres de Jean Périer, entre 1386 et 1387 - ces gables sont décorés de quadrilobes ; les deux gables proches, encore quadrilobés mais différents des quatre précédents, de la tour Saint-Romain sont attribués à Jehan de Bayeux et sont construits entre 1388 et 139882) et un gable gothique flamboyant (fenestrages proches de la tour de Beurre - l'auteur est inconnu, mais des archéologues penchent soit pour Jehan de Bayeux soit pour Jenson de Salvart80). Le sommet de la façade est achevé par quatre pyramides (des sortes de pinacles), dont deux ne sont pas antérieures au début du XXe siècle

Le portail Saint-Jean



Le portail Saint-Jean au nord est le seul tympan qui soit intact parce qu'il a connu plusieurs campagnes de restauration dès 1769. Le tympan, divisé en deux parties, représente des évènements des vies de saint Jean Baptiste et de saint Jean l'Évangéliste. La partie supérieure représente le « Mystérieux passage » de Saint-Jean l'Évangéliste83. Le registre inférieur, de gauche à droite, raconte le festin d'Hérode, la danse de Salomé et la décollation de saint Jean-Baptiste83.



Entre l'arc brisé et l'arc de décharge, dans le tympan haut du portail, se trouve le Baptême du Christ83 au centre et des détails de la vie de saint Jean en ombres chinoises. Cette technique de décoration, très originale, est un motif de « pierre de découpe », sur fond de fleurs de lys à l'origine dorées

Le portail Notre-Dame

Le portail central et le portail Saint-Étienne sont endommagés et cela depuis les guerres de religion, époque où les calvinistes, nombreux à Rouen, ont décapité et mutilé les statues de presque toutes les églises de la ville, en détruisant également le mobilier et les tombes à l'intérieur des édifices. Cependant, on reconnaît sur le tympan du portail Notre-Dame un arbre de Jessé85 qui constitue une des rares représentations de ce thème dans la pierre. Cette réalisation du Rouennais Pierre des Aubeaux, sculptée en 1512-1513, a souffert des dégâts causés par les huguenots en 1562, et a été restaurée en 1626 par Nicolas Gugu ou Cucu86. Les voussures, de l'intérieur vers l'extérieur, sont agrémentées de statues de patriarches, de sibylles et de prophètes85. Les portes ont été réalisées en 1512 par Nicolas Castille27. L'étagement du portail est constitué d'un premier grand gable recoupant une galerie, la grande rose en retrait et une seconde galerie dite du « Viri Galilei »

Le portail Saint-Étienne

Saint Étienne est méconnaissable sur le portail du même nom au sud. Son tympan, comme pour celui Saint-Jean est divisé en deux parties : un Christ en majesté83 dans une mandorle qui accueille fidèles et pèlerins car il n'a pas été mutilé par les protestants, et dessous la lapidation de saint Étienne83 ; cette partie inférieure, outre les actes iconoclastes des protestants (surtout pendant la première guerre de Religion, avant l'arrivée de l'armée d'Élisabeth Ire à la fin de septembre 1562) des restaurateurs supprimèrent certains personnages de la scène du martyr de saint Étienne pour mettre en évidence le linteau de la porte79. La configuration du tympan (le Christ glorieux dans les cieux, entouré d'anges, sur la partie supérieure, et Étienne lapidé par ses bourreaux en présence de Saul) illustre le récit du martyr de saint Étienne « Je vois les cieux ouverts et le Fils de l'homme debout à la droite de Dieu » (Actes des Apôtres, chapitre 7, verset 56)80. Au-dessus du tympan est raconté la Cueillette des âmes

Le portail Saint-Siméon

Il est construit au XIIIe siècle sur la 8e travée du collatéral sud87, au moment de la construction des chapelles entre les arcs-boutants88. Également appelé « porte des Maçons » ou « porte aux Machons », il donnait sur un jardin de la rue du Change nommé la « loge des maçons de la cathédrale » ou « aître Saint-Étienne »89. Il a remplacé un portail avec porche qui se trouvait au niveau de la 7e travée du bas-côté sud88. Masqué par des maisons, celles-ci sont détruites au cours du XIXe siècle, dont la dernière, la bijouterie Noël Sanguin, adossée à la tour de Beurre est démolie en 189589. Le portail est détruit dans la nuit du 18 au 19 août 194487. Son tympan représentait la présentation de la Vierge et de Jésus au Temple87. Des travaux de mise en accessibilité de la cathédrale en 2017 ont été l'occasion de nettoyer le portail et restituer l'encadrement de la porte

Les portails du transept



Le portail des Libraires comme celui de la Calende, est surmonté d'un arc en tiers-point à voussure sculptée au-dessus duquel un gable se détache de la claire-voie vitrée91. La rose est surmontée d'un grand gable91. Les tours carrées qui encadrent les bras du transept largement évidées, construites au XIIIe siècle, devaient porter des flèches de pierre jamais réalisées92.

Le portail des Libraires



Ce portail, ouvert sur le croisillon nord du transept, a changé d'appellation au fil du temps. Sa première appellation, « portail de la Vierge », provient du Livre d'ivoire vers 130093. Il prend ensuite le nom de « portail des boursiers » du fait que la douzaine d'échoppes qui donnent sur la cour dite des Libraires aujourd'hui étaient occupées au XIVe siècle par des artisans exerçant ce métier93. Il prend finalement le nom de « portail des Libraires » du fait de l’installation des libraires dans les échoppes de la cour93 ou plutôt du fait d'être encadré par la librairie qui désignait au Moyen Âge et à la renaissance encore, la bibliothèque94, alors que les marchands de livres se nommaient les « libratiers »95, une confusion de termes se serait produite par la suite.



Le tympan du portail développe le Jugement dernier29 sur deux niveaux : la résurrection des morts sortant de leurs tombeaux avant la séparation des justes et des damnés96. La partie supérieure, qui n'a jamais été sculptée, devait accueillir un Christ en majesté96.



Les voussures sont peuplées d'anges, d'apôtres et de martyrs. Les vierges sages et les vierges folles encadrent la grande rose jusqu'à la base du gable du grand portail96.



Le meneau central supporte dans une niche abritée sous un dais une statue de Saint-Romain, retaillée au XIXe siècle97.



Le soubassement est constitué de médaillons dans des quadrilobes qui racontent pour sa partie supérieure la Genèse de la Création au meurtre d'Abel par Caïn, tandis que la partie inférieure est composée de personnages fabuleux et fantastiques96. Le parti d'orner les quadrilobes, inscrits dans les fenestrages à redents des ébrasements, de petites scènes ou de grotesques, est presque unique en France, seules la cathédrale de Lyon, l'abbaye Saint-Ouen de Rouen et la grande chapelle du palais des Papes à Avignon, disposent également de cette alliance entre sculpture et architecture97,98.



On suppose que l'ensemble des sculptures était peintes au XIIIe siècle comme le montrent des traces de couleur sur une statue provenant des parties hautes du portail

Le portail de la Calende

L'origine du nom serait due aux réunions ecclésiastiques qui avaient lieu au moment des Calendes, et qui se tenaient dans une maison sur la place devant la façade100. Le nom de « portail de la Calende » est connu depuis le XVe siècle100. Ce portail, ouvrant sur le croisillon sud du transept, a également porté le nom de « portail aux degrés », nom lié à l'emmarchement nécessaire pour y accéder depuis la place100. Sa construction a été possible grâce au financement d'un riche bourgeois de Harfleur, Jean Gorren101.



Viollet-le-Duc a dit de ce portail que « c'est un chef-d'œuvre d'une école de constructeur et d'appareilleurs, qui n'avaient pas alors son égale en France »102.



Réalisée en pierre de Vernon, et par la délicatesse de ses éléments sculptés, une première intervention est attestée au XVIe siècle103. L'essentiel des restaurations se déroulera de 1861 à 1868103. La Seconde Guerre mondiale cause peu de dégâts, à part la vitrerie et la rose du XIXe siècle103.



Le portail dispose d'un tympan sculpté qui développe sur trois niveaux le « mystère pascal »96, la Passion et la rédemption de l'humanité29. Le registre médian traite de la Passion au gauche et de la mise au tombeau à droite96. Le registre supérieur représente la crucifixion alors que le registre inférieur traite de la Résurrection et de l'Ascension96. Le soubassement du portail comprend différents tableaux qui racontent l'histoire de Job, de Jacob, de Joseph, de Judith, la parabole du mauvais riche et la vie de saint Romain104. Son trumeau accueille le Christ96. Les voussures sont occupées par des évêques, des rois et des prophètes96. Son gable supérieur est dédié au Couronnement de la Vierge29.



La grande rosace est formée de douze fenestrages, alternativement disposés pointe vers le centre et vers le périmètre du grand cercle. L'espace laissé vacant est formé de trilobes

La tour-lanterne et sa flèche

La flèche en bois



L'archevêque Maurille fait ériger une « pyramide de pierre, connue sous son nom »106. Elle a pu être détruite par la foudre en 1177107, même s'il semble plus réaliste que sa destruction se rapporte à l'incendie de 1200 qui ravagea la cathédrale108. Une nouvelle flèche est construite en charpente, dont Jean Dadré rapporte dans sa Chronique des archevêques de Rouen qu'elle était « d'une pique ou de 15 pieds plus haute que celle qui vient d'être incendiée »109. Elle perdit sa croix et son coq lors d'un ouragan en 1353110, remontés l'année suivante par le charpentier Pierre Viel111. Au XVe siècle, sous l'occupation anglaise, la flèche de la cathédrale était faite d'une charpente en bois recouverte de plomb. Le plomb, importé d'Angleterre, recouvrait alors la plupart des églises de la ville112.



Le 4 octobre 1514113, à huit heures du matin111, la flèche gothique dite « tour grêle »32 ou « l'Aiguille de Rouen » est détruite dans un incendie causé par des plombiers lors de restaurations114. Détruite en moins d'une heure115, la croix de fer qui la couronnait tomba sur la charpente et les voûtes du chœur, causant la destruction de quelques stalles115. L'incendie, qui dura cinq heures111, détruisit la flèche, les quatre tourelles alentour formant une couronne impériale et la tour maçonnée sur laquelle elle était élevée116.



Le 27 du même mois, des plans de reconstruction sont proposés au chapitre113. Roulland Le Roux souhaite réaliser une flèche en pierre, mais se voit opposer un refus des chanoines. Pour la réédification d'une flèche à la croisée, Louis XII accorda la somme de 12 000 livres payables en six ans117. La mort du roi l'année suivante et le sixième de la somme touchée, François Ier accorde par lettres patentes du 18 août 1517 sur dix ans les fonds pour compléter le don de son prédécesseur117. Dès 1515, un beffroi en charpente y prenait place118. En 1543, le beffroi provisoire est descendu119 et l'élévation de la nouvelle flèche commence le 13 septembre 1543120 pour se terminer à la fin d'août 1544116. De nouveaux étages sont reconstruits en style gothique flamboyant et une nouvelle flèche en bois recouverte de plomb de style Renaissance nommée « la pyramide » la coiffe. Cette flèche en charpente couverte de plomb doré32 est élevée par le maître-charpentier Robert Becquet119. Le coût total de sa construction est de 7 000 livres121. La croix de fer, haute de seize pieds et pesant 1 540 livres122 fut posée le 12 septembre 1544123 et le coq de 28 livres122 le 12 octobre suivant123. La hauteur totale de cette flèche du sol jusqu'à la crête du coq était de 396 pieds124, dont 115 pieds et six pouces pour l'obélisque seul125. La flèche subissant les dommages du temps et commençant à pencher, des travaux sont engagés pour s'achever en 1808 pour un coût de 30 000 francs110.



La foudre frappe la flèche le 15 septembre 1822 à cinq heures du matin126. À sept heures, la flèche tombe127.

La flèche en fonte

L'architecte Jean-Antoine Alavoine présente ses premiers projets d'une flèche en fonte dès 1823128. Il débute en 1827 avec le coulage des premières pièces128. À la mort d'Alavoine en 1834, trois des cinq niveaux sont montés128. Les pièces des deux étages supérieurs sont usinées et prêtes à être posées128. Le chantier est repris par l'architecte Dubois secondé par Pinchon128. La révolution de 1848 stoppe le chantier, qui se trouve suspendu en 1849 par le ministère des Cultes128. Napoléon III décide en 1868 la reprise du chantier128. La guerre de 1870 cause des problèmes financiers à l'achèvement de la flèche128. La lenteur de réalisation de la flèche est due aux difficultés financières et aux différentes oppositions, parmi lesquelles Gustave Flaubert qui la qualifie de « tentative extravagante de quelque chaudronnier fantaisiste »36. De nombreux artistes critiquent la flèche, comme c'est le cas pour Didron qui la qualifiera de « monstrueux accouplement du fer avec la pierre »129, tandis que Guy de Maupassant dans Bel-Ami la décrit en ces termes « la flèche aiguë de la cathédrale, cette surprenante aiguille de bronze était laide, étrange, démesurée, la plus haute qui soit au monde »130. Eugène Noël la voit comme « un chemin de fer vers le ciel »130,Note 17. La visite du président de la République Patrice de Mac Mahon en 1875 permet à la situation de se débloquer128, tout comme la ténacité du chanoine Louis Robert129,Note 18. L'achèvement de la flèche est confié à l'architecte Barthélémy128. Repris en mars 1876, la flèche est couronnée en novembre 1876

À la fin 1876, Barthélémy propose la construction de quatre clochetons pour encadrer la flèche d'Alavoine128. Approuvée en 1878, Ferdinand Marrou remporte le chantier128. Le premier clocheton est posé en 1881128. Un médaillon est à cette occasion disposé sous le pinacle du clocheton128. En 1884, le chantier est achevé128. Chaque clocheton, composé d'un corps principal octogonal et d'un pinacle pèse près de 30 tonnes et mesure 26,50 mètres128. Ils sont composés d'une structure de fer recouvert d'un décor néogothique en cuivre repoussé128.



Des désordres apparaissent sur la flèche en fonte dès 1939. Les bombardements de 1944 privilégient la sauvegarde de la cathédrale et retardent la restauration de la flèche. En 1974, des travaux de consolidation de la flèche sont entrepris par le doublement interne de la flèche en fonte par une structure en acier Corten. Mais le programme n'est pas conduit à son terme49.



La tempête du 26 décembre 1999 entraîne la chute du clocheton nord-est sur la voûte et le chœur. Les trois autres clochetons ont été déposés en 2010. Ils ont été démontés, consolidés et sécurisés dans le hangar 108 sur la rive gauche. Les plus de 2 000 éléments, qui composent la structure et la décoration, ont été préparés en atelier. Après la repose du premier clocheton nord-est, la pose des trois autres clochetons a commencé le 1er octobre 2012131.



En 2009, des études sont réalisées pour la restauration définitive de la flèche. Le projet, qui commence en 2016 et doit s'achever en 2022, est divisé en sept tranches. Il est financé par le ministère de la Culture et de la Communication pour un montant total de 14 500 000 €. Cette opération comprend la restauration des éléments de structure et de décor en fonte, la restauration de la structure en acier Corten, la réfection des liaisons d'assemblage entre les deux structures, la protection de la flèche par peinture de la structure en Corten en gris ou vert clair et des éléments en fonte en vert de gris selon la teinte d'origine. Cette opération comprend la flèche, le lanternon et son flècheton. La dalle du tabouret, au pied de la flèche, sera couverte de cuivre. Il est prévu une mise en valeur par l'éclairage de l'ensemble

Le chevet

À l'extrémité de la cathédrale se trouve la chapelle de la Vierge. Ses fenêtres en arc brisé sont coiffées de gables compris entre les pinacles surmontant les contreforts132. Le faîtage est marqué par la présence d'une Vierge dorée, réalisée en 1541 par Nicolas Quesnel132. Le faîtage du chœur accueillait jusqu'à la fin du XVIIIe siècle une statue équestre en plomb doré représentant saint Georges terrassant le dragon132. Sur le flanc sud du chœur, rue des Bonnetiers, se trouvent greffées des constructions du XIIIe siècle qui étaient des locaux à l'usage du chapitre comme la sacristie des chanoines, le revestiaire et le chartrier

Intérieur

La nef



La nef reprend des éléments des parties romanes détruites par un incendie en 1200. Elle est composée de 11 travées, séparées par des piliers composés. Dans les quatre premières travées, les plus anciennes, les piles des grandes arcades de plan losangé comptent 16 colonnettes, tandis que le reste des piliers de la nef de plan circulaire en totalise 21 pour chaque pile. Elle est caractéristique du premier gothique parce qu'elle est construite sur quatre niveaux, contrairement au gothique postérieur qui n'en connaît que trois. Le revers de la façade comprend les tympans des baies de la coursière de l'étage découpés de rosaces polylobées, caractéristiques du premier gothique normand133.



Son élévation comprend de grandes arcades brisées, les baies des fausses tribunes inscrites dans des arcs brisés qui communiquent avec le bas-côté. Contrairement à Notre-Dame de Paris, les tribunes n'ont jamais été réalisées, peut-être en raison d'une reconstruction plus tardive des collatéraux, supportés dès l'origine par des arcs-boutants, ou d'une volonté de l'architecte depuis le début du projet de marquer leur emplacement sans les réaliser, comme c'est le cas pour la cathédrale de Rochester134. L'intention d'établir un niveau de tribune est admise par Alain Erlande-Brandenburg tandis que Lindy Grant fait remarquer la présence d'une vaste baie latérale appartenant au premier projet dans les bas-côtés de la première travée occidentale qui est incompatible avec des tribunes134. Le triforium est souligné par un bandeau de trèfles. Les sept premières travées sont inscrites sous des arcs de décharge surbaissés, tandis que les quatre suivantes prolongent le réseau des fenêtres hautes dans le style rayonnant. Les fenêtres hautes et agrandies vers 1370 sont composées de quatre lancettes deux par deux sous trois roses, exception faite de la fenêtre du début du XIIIe siècle à trois lancettes sous une rose dans la première travée nord135,136.



Les voûtes d'ogives de plan barlong possèdent des clefs ornées de feuillages. La quatrième clef de voûte accueille une Vierge à l'Enfant tandis que la dernière reçoit un agneau pascal surmonté d'une croix signée « Durandus me fecit »Note 19. La chaire en fer forgé et cuivre doré est une réalisation de Raymond Subes137.



Près de la croisée du transept, des épitaphes au sol sont dédiées à saint Maurille, archevêque de Rouen qui achève la construction de la cathédrale romane en 1063, à Guillaume d'Estouteville dont le cœur est déposé près de son prédécesseur et à Sibylle de Conversano, épouse du duc Robert II de Normandie138 :



Épitaphe de MaurilleNote 20



« HIC

AD.AQVILONEM.IN.PACE.QYIESCIT

BEATAE.MEM.MAVRILLIVS

ARCHIEPISCOPVS.ROTOMAGENSIS

ILLA.QVI.SUPERIOREM.BASILICAM

IN.SUBTERRANEIS.QVIDEM.AD.HVC.SVPERSTITEM

PERFECIT.CONSECRAVITQUE

ANNO.M.L.XIII

ET.OBIIT.ANNO.M.LX.VII

EO.PONTIFICE.NORMANNI.GVILLELMO.DVCE

ANGLIA.POTITI.SVNT »



Épitaphe de Guillaume d'EstoutevilleNote 21



« IN.PROXIMO.COR.EST.RECONDITVM

GVILLELMI.CARDINALIS.DE.ESTOVTEVILLA

ARCHIEPISCOPI.ROTOMAGENSIS

ROMAE.QVI.OBIIT.ANNO.M.CD.LXXXIII

EO.PONTIFICE.AB.OMNI.CRIMINE

NON.QVINTEL.AN.M.CD.LVI

VINDICATA.EST.IONNA.DE.ARC »



Épitaphe de Sybille de ConversanoNote 22



« SIBYLLA.DE.CONVERSANA

APVLLEM.ORTV

QVAM.DVCIT.VXOREM

ROBERTVS.BREVIS.OCREA.DICTVS

NORMANNORVM.DVX

INVICTI.FILLIVS.GVILLELMI.CONQVISITORIS

ACERBA.NIMIS.MORTE.PRAEREPTA

POST.BIENNIVM.CONVBI

AN.M.C.II

GENTIS.OLIM.DELICIVM.DEIN.DESIDERIVM

NVNC.CINIS

SERIVS.REVICTURA »

La tour Saint-Romain

Le premier niveau de la tour forme une salle basse contenant le baptistère64. La potence et le couvercle des fonts baptismaux, œuvres de Ferdinand Marrou, sont en fer forgé avec un décor végétal dans le style du XIIIe siècle139. Dans l'entrée se trouvent des statues d'Adam et Ève du XIVe siècle prélevées en 1911 du revers de la façade occidentale. Il s'y trouve également une statue de la Vierge à l'Enfant des XVIIe et XVIIIe siècles, provenant de l'hôpital de Beaucaire et offert par l'archevêque Fuzet ainsi qu'une plaque commémorative de Cavelier de la Salle en marbre noir et bronze d'Alphonse Guilloux. La salle du baptistère est couverte d'une voûte d'ogives octopartite26.



Le deuxième niveau est une grande salle à deux registres de fenêtres64, également voûtée d'ogives octopartite, qui a la particularité d'avoir un pont qui devait permettre d'accéder à la nef de la cathédrale romane26. Elle abrite le trésor de la cathédrale.



Au-dessus se trouve l'étage du beffroi qui renferme actuellement la plus grosse des cloches de la cathédrale, la Jeanne d'Arc ainsi que le carillon avec son clavier, un clavier d'étude, deux anciens claviers, 3 anciennes cloches du premier carillon ainsi que le joug métallique de la première Jeanne d'Arc, le premier battant de l'actuelle Jeanne d'Arc ainsi que le battant brisé de la Georges d'Amboise

Les collatéraux



Ils se développent sur deux niveaux, les grandes arcades et les baies des tribunes, et voûtés d'ogives. Un tailloir en surplomb reçoit des colonnettes baguées qui supportent une coursière de circulation aménagée à la base des baies de tribunes jamais construites. Le troisième pilier sud présente sur son chapiteau des chimères et les têtes de Samson et Dalila141.



Les chapelles sont ornées de piscines, éclairées de baies composées de quatre lancettes trilobées deux et deux, sous trois roses.



Pour le Jubilé de la Miséricorde, une porte a été créée et a pris place dans le collatéral nord entre les chapelles Saint-Jean et Saint-Sever. Cette porte en bois, réalisée par l'entreprise Lanfry, a été ouverte par l'archevêque de Rouen Dominique Lebrun le 13 décembre 2015142. Elle est surmontée d'un crucifix avec un Christ en ivoire du XVIIe siècle et des statues de la Vierge et de saint Jean, peut-être du XVIe siècle.

Les chapelles du bas-côté nord



Elles sont citées d'ouest en est.



Saint-Mellon



Cette chapelle dédiée à saint Mellon de Rouen contient un confessionnal et un crucifix.

Sainte-Agathe



La chapelle possède une statue de saint Nicaise de la fin XVIe siècle, début XVIIe siècle, provenant de l'église Saint-Herbland de Rouen, détruite en 1824143. Les vitraux sont de Guillaume Barbe, restaurés par Gaudin en 1960144. Ils représentent saint Victor, la Vierge à l'Enfant, sainte Agathe et saint Sébastien

Saint-Jean-de-la-Nef



Elle possède une statue de la Vierge dite Notre-Dame de Lourdes, œuvre du sculpteur Henri Gauquié, offerte par l'archevêque de Rouen Frédéric Fuzet vers 1900 et un tableau Saint Paul devant le roi Agrippa et sa sœur Bérénice du XVIIe siècle. Elle possède des vitraux du XIIIe siècle, appelées les « Belles Verrières », comme pour la chapelle Saint-Sever voisine. Composées vers 1270, elles proviennent des anciennes baies des collatéraux de 1200-1230. Elles sont complétées dans la partie basse par Guillaume Barbe en 1465/1470 qui y représente la décollation de saint Jean-Baptiste, les disciples d'Emmaüs, les saintes Femmes au tombeau et le « noli me tangere »

Saint-Sever



Cette chapelle, comme la précédente, possède des vitraux du XIIIe siècle, appelés dès le XIVe siècle les « Belles Verrières », complétés dans le registre inférieur par Guillaume Barbe en 1465/1470. Quatre scènes de la Passion du Christ y sont représentées144 Elle possède la maquette d'un drakkar et deux tableaux : une Sainte Famille et Laissez venir à moi les petits enfants146. Depuis octobre 2014, une niche dans le mur abrite une relique de saint Olav, roi et patron de la Norvège, offerte à l'occasion du millénaire de son baptême dans la cathédrale par l'archevêque de Rouen Robert le Danois

Saint-Julien



La chapelle abrite le tympan mutilé du « portail des maçons » de la fin XIIIe siècle relatant la Présentation de Jésus au Temple87. La Vierge présente l'enfant Jésus à saint Siméon tandis que Joseph et une servante apportent des colombes145. Les vitraux de Guillaume Barbe représentent saint Michel terrassant le dragon, saint Julien, saint Guillaume et sainte Geneviève144. La chapelle présente également deux tableaux : une Crucifixion de Michel du Joncquoy, peinte en 1588 et une Annonciation du XIXe siècle146.



Elle sert également de dépôt à la statue d'un Christ en gloire, assis, la main gauche posée sur le genou et la main droite levée en signe de bénédiction. Selon les archéologues, cette statue en pierre de Caen, au visage buriné, et qui porte l'inscription INRI, aurait orné au XIIe siècle le tympan de la cathédrale romane, aujourd'hui disparu. Elle constitue un témoignage rare de la sculpture no

Location : Latitude: 49.44017359999999, Longitude: 1.095008


Burial

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1 Plantagenêt, Guillaume I  I817419 savenije 

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